Signé Albert Cesari dit Cavalieru

 

ERBAJOLO, je me souviens.

 

 Bien  des fois ma pensée, s'égare sur mon image

 Réveillant du passé les souvenirs heureux 

 C'était pendant l'enfance en mon charmant village

 D'être né dans ces lieux, j'en remercie les dieux .   

 

 Sublimes instants pour moi, d'avoir pu sur ces crêtes

Arpenter toutes les sentes tracées par mon troupeau

M'extasiant lors de haltes, sur l'un de ses hauts faîtes

Sur l'ensemble composant le merveilleux tableau. 

 

Devant moi ce chaos, de monts et de collines 

Ou luisent des rivières quand le soleil levant

De l'opulent maquis chasse les vapeurs fines 

Faisant de cette fresque, un spectacle vivant.

 

Reviennent en mémoire, tous les parfums de fleurs  

 Des essences multiples du maquis au printemps     

 Bruyères, genêts, arbousiers, cistes, leurs senteurs   

 Imprègnent ma mémoire, encore pour bien longtemps

 

Puis arrivant l’été, c'était le doux présage 

De revoir au village, les parents et amis

Qui venaient pour un mois, comme en pèlerinage 

Retrouver leurs racines, au sein de leur logis.

 

J'allais enfin pouvoir, le troupeau en pacage

 Me libérer un peu, pour mieux retravailler 

 Les textes de Molières, qu'un érudit très sage

Patiemment enseignait, pour mieux nous éveiller.

 

Moi le jeune berger, chaque jour a l'ouvrage

Je redoublais d'efforts, face à tous ces lettrés 

Qui avaient tous sur moi, un énorme avantage 

Ils étaient étudiants, et tous très cultivés.

 

Enfin vint le grand soir, pour moi jeune comique

De prouver au  public assis bien sagement 

Qu'il n'était nul besoin pour donner la réplique 

De connaître du théâtre, tout son enseignement. 

 

J'étais très fier d'avoir, face à toute l'assistance

Réussi cette épreuve, soumis à l'émotion  

L'ensemble de ma famille, qui en reconnaissance 

M'octroya à la fin, la plus belle ovation. 

 

Dés la fin du mois d'août, le village se déserte

L'été qui se termine, c'est de nouveau l'espoir  

De retrouver un peu, la beauté indiscrète  

De ces lieux insolites, que j'aime tant à voir.

                                                                                                                                                                                              

J'ai composé ce poème pour rendre hommage à deux personnes qui ont beaucoup compté pour moi,

Madame Félicité Marchiani, ma maîtresse d'école, qui m'a éveillé à la culture et au savoir,

et à Monsieur Jean-Marc Zamuri, qui m'a donné le goût du théatre et de la comédie.

Ce petit texte sur ERBAGHJOLU, leur est dédié.

 

Un autre poème écrit par Albert en novembre 2010

 

     Osez les souvenirs,

 

Quand il ne restera plus sur tous nos bancs de pierres,

Que de la mousse verte et ses sombres moisissures,

Que nul ne viendra plus y poser son séant,

Le village s’éteindra par la faute des présents,

Pourtant il y en a des belles choses à dire,

Sur notre proche passé d’un hier pas très loin,

Ou il était aisé de vivre en harmonie,

Sans animosité ni crainte du voisin,

Qui n’ose de sa mémoire extirper le passé,

Pour raconter comment se passaient les soirées,

A l’ère où le village n’avait pas la télé,

Et que vous viviez tous une grande liberté,

Dieu qu’il est temps que des hommes se dressent,

Pour écrire ce passé de leur prime jeunesse,

Quand ils allaient allumer le feu sous les châtaignes,

Dans les séchoirs enfumés où pendaient du cochon,

Tous les meilleurs morceaux sortis de salaison,

Autour du ‘fugone’ ils étaient réunis,

Les marrons grillés, le vin rouge et les chansons,

Vous aidaient à passer des moments d’émotions,

L’amitié était plus que source de chaleur,

Vos chants et vos rires résonnaient en échos,

Aux aboiements des chiens gênés dans leur repos,

Et quand minuit venait il était l’heure des sages

D’affronter de la nuit, sa noirceur et le froid,

Si par bonheur la lune brillait au firmament,

Les pas pour rentrer se faisaient plus pressants,

Des souvenirs comme cela il en est mille et cents,

Qu’attendent les anciens pour en faire profiter,

Toute la population de notre beau village,

Qu’ils osent  nous laisser l’histoire de leur passé,

Au diable leurs aigreurs ou bien leurs fausses pudeurs,

Sont ils sots ces gens là, car ils courent à la perte,

De la mémoire collective du plus beau village,

Du canton de Rogna, Erbajolo.

 

 

 

                        Mes Noëls au village.

 

Ou sont donc les Noëls d’antan,

Ces Noëls égayants mes rêveries d’enfants,

Souvenirs de minuit, lorsque dans notre église,

Montait interprété par une voix limpide,

Ce chant que même les païens,

Aimaient à fredonner, c’était minuit chrétien*.

La crèche était depuis quelques jours installée,

Au devant de l’autel pour la nativité,

Les cierges allumés, leurs flammes vacillantes,

Nous faisaient paraître les personnes vivantes,

Joseph, Marie, Jésus, l’âne et le bœuf,

Melchior, Gaspard et Balthazar les rois mages bien nommés,

Complétaient cette scène, oh! combien admirée.

Le grand pin, lui trônait paré de ses atours,

Dans un coin de l’église pour honorer ce jour,

Qui permettait à ceux qui croient,

Et à ceux qui n’y croient pas,

De se réunir autour du feu de bois,

Ce feu que les anciens allumaient au devant de l’église,

Pour se transmettre les secrets de médecine apprise,

Durant de nombreux ans ce savoir fut donné,

Le soir de Noël, les douze coups sonnés.

Cependant la nourriture spirituelle ne remplacera jamais,

Fusse le soir de Noël ce que tous attendaient,

Il était temps alors de rejoindre en famille,

La table dressée devant la cheminée,

Sur laquelle avait mijoté le cabri en civet,

Ce met accompagné de pulenda à la farine de châtaignes,

Etait un vrai délice que jalousaient les dieux,

Mon père le disait, ce devait être vrai.

Le bonheur d’être ensemble se lisait dans nos yeux.

Il faut donc peu de choses pour rendre les gens heureux.

Mais moi j’étais pressé de rejoindre mon lit,

Pour laisser le champ libre à un tout autre rêve,

Ou il était question d’un beau monsieur barbu,

Avec sur son dos, une hotte pleine de présents,

Ce sont les souvenirs de mes Noëls d’enfant.

 

Signé Albert

*Minuit Chrétien était alors interprété par mon oncle Antoine Gigli, c’est ma façon de lui rendre hommage dans ce petit texte.

Vous pouvez revoir ces photos en cliquant ici  

Poéme composé en l'hommage de son frère FanFan Décédé en 2013

Ecrit en mars 2013

A Fanfan, mon frère.

Nous avons vécu tant et tant de choses
Que je ne saurais de tout me souvenir
Tu es parti comme partent les roses
A la fin de l’hiver, pour ne plus revenir.

Les roses reviendront dans un proche printemps
Mais je ne verrai plus les perles de tes yeux
Tu m’as abandonné sans que j’aie eu le temps
De te dire combien, tu étais courageux.

Je garderai de toi au fond de ma mémoire
Tous les instants passés heureux et malheureux
Ils sont ancrés en moi, inscrits dans le grimoire
De mes pensées si tristes en ces jours ténébreux.

Tu n’aurais pas voulu voir nos mines tristes
Tu disais qu’il fallait vivre dans la gaieté
C’est donc avec amour parodiant les artistes
Que je parle de toi, de nous, à satiété.

Ces lignes sont pour toi car nos têtes sont pleines
De toutes les pensées qui viennent couronner
L’amitié et l’amour qui coulaient dans tes veines
Où souvent tes amis venaient s’abandonner.

Albert di cavalieru

   

le 20 mars 2013c

A Gracieuse ma sœur .

S’il me fallait forger la palme du courage,
C’est pour toi ma chère sœur, que je l’aurais forgée,
Pour honorer la femme qui lutta avec rage,
Contre les coups du sort aux cruelles destinées.

Tu cheminas longtemps sur un tapis d’épines,
Tu as porté ta croix avec abnégation,
Elle portait un prénom, elle s’appelait Pauline,
Et ton amour pour elle frôlait la déraison.

Tout en toi respirait l’amour, la tolérance,
Tu disais qu’il fallait vivre dans le respect,
Des opinions des hommes de toutes les croyances
En posant sur ceux-ci un regard circonspect

Désormais restera ancré dans nos mémoires,
Tous ces joyeux moments où riant aux éclats,
Tu nous disais combien, tu aimais les histoires,
Car elles te permettaient d’oublier tes tracas.

J’en aurais encore plein de lignes à écrire,
Pour faire connaître la femme que tu étais,
A quoi bon maintenant tu ne peux plus rien lire,
Pourquoi ne l’ais-je point fait, dés lors que tu vivais

Le cœur plein tristesse, je pense à Margueritte,
Elle se trouve bien seule après toutes ces années,
Passées dans ton sillage discrète et magnifique,
Elle t’était corps et âme, entièrement dévouée.

Ce soir, comme hier, je pense à toi, à elle, à nous,
En scrutant le ciel gris, j’y découvre une étoile,
Je crois la reconnaître, là, ma gorge se noue,
C’est toi ma sœur chérie, qui transperce le voile.
Albert Cesari

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                   Signé ALBERT CESARI ( di cavalieru )