L’histoire se déroule lors de l’été 1768. La France vient
d’acheter la Corse à la République de Gênes
Les Corses se révoltent, et, sous le commandement de
Pascal Paoli, l’armée corse va, pendant près de douze mois,
tenir tête aux troupes françaises débarquées sur l’île. Le 23 août 1768,
trois colonnes, fortes chacune de 400 hommes, se mettent en mouvement. La
première colonne commandée par le Général Marbeuf, part de Brando, traverse
l’épine dorsale du Cap à Bocca di Serra et occupe Olcani et Albo, au nord de
Nonza. La deuxième colonne, commandée quant à elle par le Général De Coigny,
part de Bastia, passe le col de saint Léonard et s’empare de D’Olmeto di
Capo Corso, à l’est de Nonza. Enfin la dernière colonne, commandée par le
Général De Grandmaison, part de Patrimonio, suit le littoral et marche sur
Nonza. Cette colonne est de loin la plus dangereuse des trois, car elle est
pourvue d’une artillerie puissante et bénéficie, en plus, de l’appui du
navire de guerre 'Le Sagittaire'. Face à ce déploiement de force, l’armée
corse ne peut opposer que 200 hommes commandés par Barbaggi et en poste à
Nonza.
Celui-ci, craignant l’encerclement, décide d’abandonner Nonza et de fuir
vers le nord du Cap. Or, parmi ces 200 hommes, se trouve un vieux vétéran
nommé Jacques Casella,
originaire d’Erbaghjolu dans les environs de Corte. Une mauvaise blessure
l’a rendu boiteux et ses béquilles ne lui permettent pas de suivre ses
camarades dans la retraite. Il reste donc seul dans la tour de Nonza… Quand
les troupes de De Grandmaison arrivent devant cette pittoresque et
impressionnante position militaire, de chaque meurtrière partent des coups
de fusil et le canon de la tour se met à tonner. Considérant l’aride piton
sur lequel est bâti le fort, le général français comprend que l’assaut
risque de lui coûter ses meilleurs militaires. Il décide de parlementer. Un
émissaire est envoyé vers les assiégés pour demander les conditions d’une
capitulation. Le messager revient avec un papier qui lui a été lancé d’une
meurtrière. Dans cette lettre, le gouverneur de la tour propose les
conditions suivantes : " La garnison corse sortira du fort, bannière
déployée, avec armes et bagages, tous les honneurs militaires lui seront
rendus. D’autre part, les Français fourniront les moyens de transport
nécessaires pour ses effets et le canon, afin que la garnison puisse
rejoindre librement le gros des forces nationales ".De Grandmaison accepte.
L’armée française présente les armes…et la porte de la tour livre passage à
un petit boiteux goguenard qui essaye de donner à ses béquilles un certain
rythme martial. Ne voyant sortir plus personne à la suite, le général
demande :
– Et la garnison, où est-elle ?– Voyez en ma personne, Mr le général, et la
garnison et le gouverneur.
De Grandmaison croit d’abord se trouver devant le diable, (qui comme chacun
sait est boiteux), mais le Corse lui raconte comment, après avoir fixé un
fusil à chaque meurtrière, il a joué pendant une longue journée le soldat
orchestre... L’officier français aimait l’héroïsme, même lorsqu’il
s’exerçait à ses dépens. Il fit raccompagner
Jacques Casella par un piquet
de cavalerie jusqu'à Murato, où se trouvait le quartier général de
Pascal Paoli. |
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